Sylvette Bonnin

Née en 1946
A passé son enface / adolescence à Narbonne
A vécu en Afrique noire, dans le Var (Le Castellet), les Bouches-du-Rhone (Marseille)
Signe particulier : fréquente la folie au quotidien

S'est laissé voir à
  • Narbonne
  • Cassis
  • Avignon
  • Allauch
  • Marseille

Aussi loin qu’elle remonte dans son enfance, Sylvette Bonnin se souvient d’avoir toujours « gribouillé », comme tant d’artistes que la main, très tôt, démange. Dessins, croquis, caricatures, esquisses -quelques genres, mineurs ( ?) pour une discrète entrée en matière. Elle ne perdra pourtant jamais la main pour ces dessins d’humeur, promenant encore sa mine acérée dans toutes les grand-messes psychanalytiques, croquant au hasard des rencontres et des situations, tel ou tel profil, tel ou tel nez par trop protubérant, tel ou tel exposé par trop fièrement tenu... Encore ne sont-ce là que facéties d’artiste... Les choses sérieuses commencent vraiment avec l’encre de Chine. Patient, troublant travail de l’œil et du stylographe qui pointe, sans relâche, sur la page blanche, faisant surgir du vide, des formes souvent mystérieuses. C’est l’époque du bestiaire noir-blanc, licornes, serpents, le disputent souvent aux courbes géométriques des visages, corps et autres tunnels où s’égare l’imaginaire. C’est déjà l’entrée dans le surréalisme...

Vient ensuite la période claire, celle des liquides aquarelles diluées à l’eau des étangs narbonnais. C’est l’entrée dans la lumière et dans la couleur, le pinceau à peine tenu, la douceur qui glisse en petit format. Paysages de Bretagne et d’ailleurs. Barques sur l’eau, fenêtres sur la mer...

Parenthèse limpide, l’aquarelle appelle maintenant d’autres textures. L’huile s’impose alors comme matière rebelle et lourde. Avec elle, resurgissent les démons anciens ; avec elle se fait plus grave la quête du mystère. Ce sont les visages, les corps arrachés à la mélancolie, les plongées indiscrètes dans les maisons, les bateaux, où la folie se traîne ou se tient debout. Ce sont les regards qui regardent ailleurs, ou vous fixent, les espoirs qui s’évaporent, vous tendent un miroir sans tain. Période sombre et ascétique de l’être du dedans...

Enfin (mais ce n’est pas la fin !...) vient le désir de l’espace, du corps dans l’espace. Jouissance du volume, de la matière brute à équarrir, à polir. Jouissance de la matière vive, du bois que la lime caresse, sculpte, arrondit aux formes de la femme... .

Il y aurait beaucoup à dire sur ces premières oeuvres sculptées, mais l’on en a déjà trop dit, et l’artiste ne se paie pas de mots. Aussi bien, arrêtons-nous donc d’écrire, et laissons... à VOIR !

Juin 1998